Théâtre du Cloître Scène conventionnée de Bellac
2020/2025 "s’émanciper"
Depuis février 2015, le Théâtre du Cloître développe un projet en dialogue avec le territoire du Haut-Limousin et les personnes qui y vivent et/ou le font vivre. Pour cela, l’équipe du Théâtre du Cloître met en place deux missions complémentaires : l’accompagnement des artistes et des œuvres sur le territoire du Pays du Haut-Limousin, et l'association des personnes à toutes les étapes des processus de création. Après le départ de Catherine Dété et avec l'arrivée de Thomas Desmaison, le Théâtre du Cloître accentue cette double dynamique depuis 2020, dans un but simple : s'émanciper, ensemble.
Une ressource de vitalité
La "culture", ça veut dire quoi au juste ? S’est-on déjà vraiment posé la question, que ce soit depuis le début de la crise sanitaire actuelle ou, même, depuis la création du "Ministère des affaires culturelles" ? S’est-on réellement arrêté un moment, pour respirer, et dépasser nos préjugés sur ce que veut dire "la culture" ?
Non, la "culture" n’est ni un secteur professionnel particulièrement dépourvu de moyens et désuni, ni l’apanage d’un cercle de privilégiés aisés. La "culture" n’est pas non plus un "monde" isolé, un système stellaire dont il faudrait définir de nouveaux moyens d’exploration. Non, la "culture" ne se résume pas qu’aux dispositifs de politiques publiques, aux industries, aux mécènes ou aux initiatives militantes de "son" secteur. Non, la "culture" ne se décrète pas, ne se réduit pas. Elle n’est pas singulière, elle n’est pas à part, elle n’est pas déconnectée de certains êtres humains, qui devraient être convaincus qu’ils ont des efforts à fournir pour "y accéder". Tout au contraire, elle est partout, elle est générale, elle s’inscrit partout où l’être humain a apposé une marque. Elle est parfois visible, parfois invisible, mais jamais défaillante. La "culture", c’est ce qui nous relie, ce qui nous permet de communiquer tout en nous singularisant. C’est un acte d’engagement envers l’autre afin de mieux être soi.
En orientant de manière radicale le projet du Théâtre du Cloître vers le respect des droits humains fondamentaux, il convient de mieux prendre part au dialogue des libertés. Il est possible d’envisager autrement la place des artistes et la place des spectateurs, pas uniquement en face-à-face, ou en "quinconces" dans les travées, mais liés ensemble dans un objectif commun : faire un peu mieux humanité ensemble. Pour les équipes artistiques comme pour les personnes à qui l’on offre, non pas un "accès à", mais une "relation avec", le Théâtre du Cloître et Bellac sur Scène sont aptes à produire plus de capacités, plus de dignités, plus de libertés.
Un objectif : redéployer une ressource de vitalité, qui permet à toutes et tous de s'exprimer plus librement et d'avoir plus d'opportunités d'agir.
En un mot : s’émanciper.
Historique
Tout commence en 1951.
Au début des années 50, André Cluzeau, maire de Bellac, avait eu l’intuition que la commune pourrait appuyer son développement sur la notoriété nationale et internationale de l’œuvre d’un enfant de la ville à jamais inspiré par ses origines : Jean Giraudoux.
La création d’un festival autour de l’œuvre Jean Giraudoux lui fut "soufflée" en 1951 par Louis Jouvet, lors de l’inauguration d’un monument dédié à l’écrivain, sept ans après sa mort. Lors de cette cérémonie, Bellac accueille toutes celles et ceux qui furent ses interprètes : Valentine Tessier, Gabrielle Dorziat, Renée Devillers, Dominique Blanchar, Pierre Renoir, Fernand Ledoux… et Louis Jouvet, le meneur de jeu de cette matinée. Cette journée du 1er juillet 1951 connaît une affluence considérable. Ce succès appelle à des prolongements Le maître-mot, à l’époque, en matière culturelle, est décentralisation. En 1953, André Cluzeau rencontre le metteur en scène André Steiger. Ils créent une coopération ouvrière de production, la Comédie du Centre-Ouest, pour monter chaque été à Bellac, un festival de théâtre en l’hommage de Jean Giraudoux. Le 4 juillet 1954, le premier festival de Bellac s’installe dans la cour d’honneur de l’hôtel de ville, lieu scénique immense et magnifique qui sera utilisé durant 20 ans.
49 ans plus tard, le festival de théâtre, devenu pluridisciplinaire, donne naissance en 2002 au Théâtre du Cloître.
La Ville de Bellac et la Communauté de Communes du Haut-Limousin décident après plus de 40 ans de présence artistique sur le territoire par l’intermédiaire du festival, d’intensifier ce développement artistique de manière plus ambitieuse, en édifiant un équipement culturel, le Théâtre du Cloître, soutenu par la redynamisation de la décentralisation culturelle du Ministère de la Culture.
Outre la création de cet équipement culturel, le festival a fortement modelé la cité durant ces 40 années. Bellac possède désormais "sa" Médiathèque Jean Giraudoux, "son" Collège Louis Jouvet, "son" Lycée Jean Giraudoux et son option théâtre dans ce dernier.
Inauguré en octobre 2002, le Théâtre du Cloître devient dès 2005 une Scène conventionnée pour les écritures contemporaines littéraires, théâtrales et cinématographiques sur le projet proposé par son premier Directeur Philippe Cogney. Appelée par les mêmes partenaires à pérenniser le Festival National de Bellac, l’association Bellac sur Scène a en charge dès 2007, l’organisation du festival qui couronne chaque été la saison, en juillet.
Les directions de Philippe Cogney puis Catherine Dété vont faciliter la porosité entre ces saisons artistiques et culturelles très denses, de plus en plus reconnues comme structurantes aux échelles régionales et nationales, cet "aboutissement" qu’est un festival toujours aussi populaire et un territoire physique et artistique élargi. Le Festival National de Bellac fait jouer des spectacles de toutes disciplines, de toutes essences – classiques ou contemporaines – sur de nombreuses communes du Haut-Limousin. Il investit des espaces inattendus de sa ville d’attache. Il ouvre son "village" à de nombreuses animations, partenariats, spectacles gratuits, en accord avec les équipes de bénévoles dont l’énergie reste l’ADN insoluble de la manifestation, devenue un marqueur historique de ce beau pays de la Basse-Marche. Le Théâtre du Cloître devient Scène Conventionnée d'Intérêt National "art en territoire" en 2018.
Fort de ce patrimoine d'actions, de participations, de programmations vivantes et de collaborations très riches, Thomas Desmaison propose en 2020 un projet de direction articulé autour du référentiel des droits culturels des personnes, intitulé "s'émanciper".
Dans la foulée de l'organisation réussie d'une "Semaine des émancipations" en mai 2022, il propose en Assemblée Générale de Bellac sur Scène d'articuler le Festival National à cette nouvelle idée d'un festival en prise avec les questions démocratiques de son temps, renouant avec une certaine éthique giralducienne et les origines coopératives et ouvrières de ses débuts. Celui-ci devient en juillet 2023 Festival National de Bellac [Festival des émancipations].
Le Théâtre du Cloître est reconventionné et missionné par la Ministre Roselyne Bachelot-Narquin en avril 2022 pour promouvoir un "laboratoire de respect des droits culturels". Pour cela, les équipes défendent un projet artistique et culturel qui valorise la contribution des personnes qui font vivre les territoires de ce riche coin de France, et mettent à l’honneur l’objectif d’émancipation par la réciprocité des cultures et non la démocratisation d’une seule.
Poursuivre le travail de relations avec les communes et les personnes du Haut-Limousin, en lien avec les territoires et les structures voisins, affirmer le Théâtre du Cloître comme une ressource qui contribue à une vitalité locale, encourager le travail des artistes comme un levier de relation d'humanité et entre les libertés : voici l'ambition d'émancipation que promeut le nouveau directeur avec les équipes salariées et bénévoles.
Le Festival et la saison s'entremêlent et poursuivent l'œuvre de rassemblement et de rayonnement du Haut-Limousin en Marche vers le reste de la Région Nouvelle-Aquitaine et au-delà.