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Les artistes de L'Inverso Collectif entrent en relation avec les résident·e·s du Village des Gâtines.

Il y a une dizaine d’années, Pauline Rousseau Dewambrechies et Claire Besuelle discutaient déjà d’un spectacle autour des maladies dites mentales.

Si le projet ne se concrétise pas à l’époque, la question continue de les traverser. On peut dire qu’elle est présente en filigrane dans les trois premières créations de L’Inverso Collectif, qu’elles fondent quelques années plus tard. Battre le silence (2019) s’écrit autour des archives de l’épidémie de sida, et des traces que cette maladie a laissées dans nos imaginaires du corps malade et stigmatisé. Dans REGARDE ! (2022), les spectateur·ice·s sont invité·e·s à participer à un séminaire organisé par la Fondation GUB (Get U’rself Better), destiné à offrir à ses participant·e·s un nouveau regard sur le monde et sur soi. On y suit les trajectoires de six sélectionné·e·s soumis·e·s à l’injonction constante de s’améliorer pour devenir toujours plus performant·e·s.

De cette création, elles ont tiré un seule en scène. Dans Celle qui voulait qu’on la regarde disparaître, Laurence, personnage de REGARDE ! , raconte son histoire. A l’âge de 12 ans, elle est repérée par l’industrie de la mode et dix ans plus tard, elle a réussi. Devenue TOP model, elle a aussi sombré dans l’anorexie-boulimie avant de décider « d’arrêter de disparaître » et de lutter contre la maladie autant que les injonctions à la performance et à la minceur.

Ces trois spectacles interrogent, à leur endroit, les mécanismes d’aliénation : les frontières poreuses entre le “sain” et le “pathologique”, et les instances sociales, culturelles et politiques qui les déterminent.

Trois spectacles, après lesquels Pauline Rousseau Dewambrechies et Claire Besuelle ont proposé aux autres membres du Collectif d’embarquer dans une nouvelle création, qui renoue avec une question finalement fondatrice : de quoi parle-t-on lorsqu’on parle de maladie mentale ? Qui sont ces patient·e·s aux « psychées non alignées » ? Comment la société dans laquelle nous vivons participe au développement de ces pathologies ? Comment le théâtre peut s’en emparer ?

Crédit photo : Miya Turnbull (photos de la série "Wearing Masks (self-portrait).